Photo 1: Le Covid et la girafe
Chaque jour, nos collègues radiologues viennent réaliser une radiographie thoracique des patients ventilés, pour vérifier l'évolution de la maladie. Ils le font grâce à cet appareil mobile, repeint en girafe.
La situation est cocasse, cette girafe dans ce contexte si sérieux, dans une chambre d'un patient si sévèrement atteint ! Mais cette touche de couleur est bienvenue et fait sourire.
Et si ce patient a la chance de s'en sortir, peut-être que la première image qu'il verra sera une girafe dans sa chambre !

Photo 2: le noyé
Les patients qui restent longtemps en réanimation développent des atteintes musculaires et articulaires qui nécessitent une prise en charge dynamique par les kinésithérapeutes.
Pourtant endormi, le patient semble s’agripper à la main du soignant, comme le noyé se raccroche au bois flottant.
Et au delà de la technique réanimatoire, tous ces gestes sont salvateurs. Et ils sont souvent, en l’absence de visites, les seuls contact humains des patients les plus graves.
Photo 3: le regard
Soigner des patients est un travail d’équipe. Et qui nécessite une parfaite entente entre ses acteurs, au moins le temps du soin. Et le langage n’est pas que verbal, et lors du port prolongé du masque, le visage se limite presque entièrement au regard qui revêt alors une place fondamentale.
Je profite de ce post pour remercier mes collègues réanimateurs et leurs équipes d’infirmier(e) et d’aide-soignant(e)s qui sont en première ligne, jour et nuit, pour affronter cette vague mortifère avec professionnalisme et humanité.
Photo 4: Les persiennes
Contrairement aux idées reçues, l’ambiance est souvent assez calme en réanimation, hormis les moments où un nouveau patient arrive ou en cas de complication aiguë. Le plus souvent, chacun est à son travail, seul ou en petit groupe, toujours concentré sur son activité.
Les chambres sont en enfilade, séparées par des fenêtres habillées de persiennes, qui permettent de voir de chambre en chambre, patients comme soignants. L’intimité est toute relative, pour les patients comme pour les soignants.
Mais ces persiennes, et cette lumière alternativement crue ou tamisée, relativisent la violence de la situation, en transformant cette scène hospitalière en tableau cubique, avec dans l’une de ces ouvertures géométriques le visage d’une infirmière concentrée sur la préparation d’une seringue de traitement.
Photo 5: Le gel et l’Excel
En ce moment, l’horizon est assez bouché, et se limite principalement à 2 activités : l’hygiène, avec en particulier le lavage répété et frénétique des mains, souvent avec du gel HA pour des raisons pratiques ; l’autre activité est de séparer le monde en 2: il y a les Covid et les non Covid, peu de place à la nuance en ce moment.
Épisode 6: Pinky
Si en ce moment tout semble noir ou blanc - Covid ou pas Covid, vivant ou mort, Chloroquine ou patience - ce n’est pas une raison pour oublier que le monde a des couleurs, parfois inattendues, toujours bienvenues.
Une pensée et des 😘 à nos infirmières et aide-soignantes qui, en plus de mettre de la couleur dans l’ambiance actuellement si grise, font un travail exceptionnel pour nos patients.
Épisode 7: « Sauvons des vies, restons chez nous »
Injonction pour le moins contradictoire lorsqu’elle est lue par un soignant par la fenêtre d’une réanimation. Ce décalage entre l’intérieur et l’extérieur, la notion de geste utile à la société, renforce la sensation de décalage ressenti actuellement par les soignants (et probablement aussi d’autres professions poursuivant leurs activités hors de chez eux) entre une France confinée, et qui ne parle que de confinement, et la minorité non confinée qui ne parle que de Covid.
Ces grandes fenêtres dans les chambres des patients permettent de continuer à voir le monde extérieur, et de sourire de cette injonction qui ne s’adresse pas à tous.
Ici, à Saint-Denis, et contrairement aux idées reçues, je ne vois pas plus de monde dans les rues qu’à Paris (même moins !), le confinement est globalement bien respecté.
Épisode 8: Fenêtre sur l'intérieur
Dans la chambre, le patient, installé, branché, surveillé. Da,s le poste de soin, visible par la fenêtre intérieure, les soignants, à l'affut des alarmes, toujours un oeil sur les chambres, sur les patients. Cet agencement permet de maintenir un semblant d'intimité, tout en ayant la possibilité d'avoir un oeil sur tout.
Épisode 9: Se déguiser
Pour la plupart d’entre nous, cardiologues, se préparer pour rentrer dans la chambre d’un infecté contagieux n’a été ni facile ni naturel. Apprendre, ou réapprendre, les gestes d’asepsie, de protéger et protéger les autres ; il nous a fallu quelques jours pour maîtriser le protocole, et surtout pour supporter le désagrément de cette armure à porter sur la durée, en particulier son heaume, le maintenant bien connu masque, objet de polémique et de convoitise, et pourtant si désagréable à porter des heures durant. Sans parler de l’état des mains après le quarantième lavage de la journée. Mais on a rien sans rien, et la protection est un effort qui est plus facile à supporter qu’il est partagé, dans la bonne humeur.
Épisode 10: Les jeudis, c’est pharmacie !
Pas grand chose à rajouter au contenu de la photo: le temps arrêté, les antibiotiques, et ce bonhomme souriant au dessus du bonhomme intubé-ventilé, symbolisant le contraste et la distance nécessaires pour s’occuper au quotidien de patients graves.
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